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homme qu'elle aimait a disparu; et on ne le revoit jamais.

Le logement où elles reçoivent est une étroite chambre aux murs de terre. Dans les oasis, le plafond est fait simplement de roseaux tassés les uns sur les autres et où vivent des armées de scorpions. La couche se compose de tapis superposés.

Les gens riches, arabes ou français, qui veulent passer une nuit de luxueuse orgie, louent jusqu'à l'aurore le bain maure avec les serviteurs du lieu. Ils boivent et mangent dans l'étuve, et modifient l'usage des divans de repos.

Cette question de moeurs m'amène à un sujet bien difficile.

Nos idées, nos coutumes, nos instincts diffèrent si absolument de ceux qu'on rencontre en ces pays, qu'on ose à peine parler chez nous d'un vice si fréquent là-bas que les Européens ne s'en scandalisent même plus. On arrive à en rire au lieu de s'indigner. C'est là une matière fort délicate, mais qu'on ne peut passer sous silence quand on veut essayer de raconter la vie arabe, de faire comprendre le caractère particulier de ce peuple.