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Le village est silencieux. Des formes blanches gisent étendues le long des maisons. La nuit brûlante est criblée d'étoiles; et ces étoiles d'Afrique brillent d'une clarté que je ne leur connaissais pas, une clarté de diamants de feu, palpitante, vivante, aiguë.

Tout à coup, au détour d'une rue, un bruit vous frappe, une musique sauvage et précipitée, un grondement saccadé de tambours de basque que domine la clameur aigre, continue, abrutissante, assourdissante et féroce d'une flûte qu'emplit de son souffle infatigable un grand diable à la peau d'ébène, le maître de l'établissement. Devant la porte, un monceau de burnous, un paquet d'Arabes qui regardent sans entrer et qui forment une grande lueur mouvante sous la clarté venue de l'intérieur.

Au-dedans, des files d'êtres immobiles et blancs assis sur des planches, le long des murs blancs, sous un toit très bas. Et par terre, accroupies, avec leurs oripaux flamboyants, leurs éclatants bijoux, leurs faces tatouées, leurs hautes coiffures à diadème qui rappellent les bas-reliefs égyptiens, les Oulad-Naïl attendent.

Nous entrons. Personne ne bouge. Alors,