Page:Maupassant - Au soleil, OC, Conard, 1908.djvu/275

Cette page n’a pas encore été corrigée

Jamais on ne l'aperçoit au matin. C'est vers cinq heures en hiver, au moment où le soleil se couche, qu'il apparaît filant sur une cime dénudée, traînant sur le ciel sa longue silhouette qui passe et fuit.

Pourquoi personne ne l'a-t-il tué ? Ah ! voilà. Une supposition cependant. Les forts déjeuners de chasse commencent toujours vers une heure et finissent à quatre. On a beaucoup bu et parlé du loup blanc. En sortant de table, on le voit. Quoi d'étonnant aussi à ce qu'on ne le tue pas ?

J'allais devant moi, sur la route grise ferrée de granit et luisante quand brille le soleil. La plaine des deux côtés est plate, semée d'ajoncs. De place en place, une grosse pierre couchée entretient dans la pensée le constant souvenir des druides ; et le vent qui souffle au ras de terre, siffle dans les buissons épineux. Parfois, un bruit sourd, comme un coup de canon lointain, fait frémir le sol ; car j'approche de Penmarch, où la mer s'enfonce, parait-il, en des cavernes sonores. Les lames engouffrées en ces trous secouent la côte entière, se font entendre jusqu'à Quimper, par les jours de tempête.

Depuis longtemps déjà on aperçoit la