Page:Maupassant - Au soleil, OC, Conard, 1908.djvu/264

Cette page n’a pas encore été corrigée

les touristes, mille choses qu'on ne soupçonnait pas.

Entre toutes les vieilles provinces de France, la Bretagne est une des plus curieuses ; on en peut, en dix jours, connaître assez pour en savoir le tempérament, car chaque pays, comme chaque homme, a le sien.

Traversons-la, en quelques lignes. Allons seulement de Vannes à Douarnenez, en suivant la côte, la vraie côte bretonne, solitaire et basse, semée d'écueils, où le flot gronde toujours et semble répondre aux sifflements du vent dans la lande.

Le Morbihan, espèce de mer intérieure, qui monte et descend sous la pression des marées du grand Océan, s'étend devant le port de Vannes. Il le faut traverser pour gagner le large.

Il est plein d'îles, d'îles druidiques, mystérieuses, hantées. Elles portent au dos des tumulus, des menhirs, des dolmens, toutes ces pierres étranges qui furent presque des dieux. Ces îlots, au dire des Bretons, sont aussi nombreux que les jours de l'année. Le Morbihan est une mer symbolique secouée par les superstitions.

Et voilà le grand charme de cette contrée ;