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Un mois de tête-à-tête, un mois de vie commune avec quelqu’un, de vie à deux complète, de causerie à toute heure du jour et de la nuit. — Diable !

Prendre une femme pour un mois n’est pas si grave, il est vrai, que de la prendre pour la vie ; mais c’est déjà beaucoup plus sérieux que de la prendre pour un soir. Je sais que je pourrai la renvoyer, avec quelques centaines de louis ; mais alors je resterai seul à Loëche, ce qui n’est pas drôle !

Le choix sera difficile. Je ne veux ni une coquette ni une sotte. Il faut que je ne puisse être ni ridicule ni honteux d’elle. Je veux bien qu’on dise : « Le marquis de Roseveyre est en bonne fortune » ; mais je ne veux pas qu’on chuchote : « Ce pauvre marquis de Roseveyre ! » En somme, il faut que je demande à ma compagne passagère toutes les qualités que j’exigerais de ma compagne définitive. La seule différence à faire est celle qui existe entre l’objet neuf et l’objet d’occasion. Baste ! on peut trouver, j’y vais songer !

14 juin. — Berthe !… Voilà mon affaire. Vingt ans, jolie, sortant du Conservatoire, attendant un rôle, future étoile. De la tenue,