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chargé sur l’épaule, et il me regarda d’un air soupçonneux. Il était laid, noueux comme un tronc d’olivier, très sale naturellement et ses yeux, aux paupières sanguinolentes, louchaient un peu. Il fut entouré, fêté, interrogé, chacun semblait l’aimer comme un frère et le vénérer comme un saint. Puis, lorsque les expansions furent passées, on se remit en route d’un Pas très allongé, et l’un des montagnards marchait devant nous, à cent mètres environ, comme un éclaireur.

Je commençais à comprendre ayant depuis un mois les oreilles toutes pleines d’histoires de bandits.

À mesure qu’on approchait du col, une sorte d’appréhension semblait gagner tout le monde. Enfin, en y parvint. Deux grands vautours tournoyaient sur nos têtes. Au loin, derrière nous, la mer apparaissait vaguement, encore obscurcie par des brumes et, devant nous, une interminable vallée s’allongeait, sans une maison, sans un champ cultivé, pleine de maquis et de chênes verts. Une gaieté semblait venue sur les figures, et l’on commença la descente… Puis, au bout d’une heure environ, le mystérieux personnage qui s’était joint à nous d’une façon si inattendue,