d’Algérie. Eh bien ! on exproprie les Kabyles au profit de colons inconnus.
Mais comment les exproprie-t-on ? On leur paie quarante francs l’hectare qui vaut au minimum huit cents francs.
Et le chef de famille s’en va sans rien dire (c’est la loi) n’importe où, avec son monde, les hommes désœuvrés, les femmes et les enfants.
Ce peuple n’est point commerçant ni industriel, il n’est que cultivateur.
Donc, la famille vit tant qu’il reste quelque chose de la somme dérisoire qu’on lui a donnée. Puis la misère arrive. Les hommes prennent le fusil et suivent un Bou-Amama quelconque pour prouver une fois de plus que l’Algérie ne peut être gouvernée que par un militaire.
On se dit : Nous laissons l’indigène dans les parties fertiles tant que nous manquons d’Européens ; puis, quand il en vient, nous exproprions le premier occupant. — Très bien. Mais, quand vous n’aurez plus de parties fertiles, que ferez-vous ? — Nous fertiliserons, parbleu ! — Eh bien ! pourquoi ne fertilisez-vous pas tout de suite, puisque vous avez cinquante millions ?