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couverte d’une croûte d’argile sèche, et mêlée encore de salpêtre. Nous montions une pente insensible, des herbes parurent, puis des espèces de joncs, puis une petite fleur bleue ressemblant au myosotis rustique, montée sur une longue tige mince comme un fil, et tellement odorante que son parfum couvrait le pays. Cette exquise senteur me donna l’impression franche d’un bain ; on la respirait longuement et la poitrine semblait s’élargir pour boire ce souffle délicieux.

On aperçut enfin un rang de peupliers, un vrai bois de roseaux ; d’autres arbres, puis nos tentes, plantées sur la limite des sables dont les ondulations inégales, hautes jusqu’à huit ou dix mètres, se dressaient comme des flots remués.

La chaleur devenait féroce, doublée sans doute par les réverbérations de la Sebkra. Les tentes, de vraies étuves, étaient inhabitables ; et, aussitôt descendus de cheval, nous partîmes, pour chercher de l’ombre sous les arbres. il fallut traverser d’abord une forêt de roseaux. Je marchais en avant et soudain je me mis à danser en poussant des cris de joie. Je venais d’apercevoir des vignes, des abricotiers,