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musulmans est proverbiale et nullement usurpée) fait appeler un Arabe et lui adresse cette proposition :

- Tu me donneras vingt-cinq douros et tu m’amèneras sept témoins qui déposeront par écrit, devant moi, que X... te doit soixante-quinze douros. Je te les ferai remettre.

L’homme amène les témoins, qui déposent et signent.

Alors le cadi appelle X... et lui dit :

- Tu me donneras cinquante douros et tu m’amèneras neuf témoins qui déposeront que B... (le premier Arabe) te doit cent vingt-cinq douros. je te les ferai remettre.

Le second Arabe amène ses témoins.

Alors le cadi appelle le premier devant lui et, fort de la déposition des sept témoins, lui fait donner soixante-quinze douros par le second. Mais, à son tour, le second réclame, et, sur l’affirmation de ses neuf témoin, le cadi lui fait remettre cent vingt-cinq douros par le premier.

La part du magistrat est donc de soixante-quinze douros (trois cent soixante-quinze francs), prélevés sur ses deux victimes.

Le fait est authentique.

Et cependant l’Arabe ne s’adresse presque jamais au juge de paix français, parce qu’on