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patrie ; et, je le déclare à vous, femmes françaises, qui m'écoutez, je suis prête, sous tous les soleils, dans toutes les parties de l'univers, à frapper la tyrannie de l'homme, à venger partout la femme odieusement opprimée."

Un grand tumulte d'approbation eut lieu, et le citoyen Sapience Cornut, lui-même, se levant, frotta galamment sa barbe jaune contre cette main vengeresse.

C'est alors que la cérémonie prit un caractère vraiment international. Les citoyennes déléguées par les puissances étrangères se levèrent l'une après l'autre, apportant l'adhésion de leurs patries. Une Allemande parla d'abord. Obèse, avec une végétation de filasse sur le crâne, elle bredouillait d'une voix pâteuse :

- Che feu tire toute la choie qu'on a ébrouvée dans la fieille Allemagne quand on a chu le grand moufement des femmes barisiennes. Nos boitrines (elle frappa la sienne, qui ne résista pas au choc), nos boitrines ont tréchailli, nos... nos... che ne barle pas très pien, mais nous chommes avec vous."

Une Italienne, une Espagnole, une Suédoise en dirent autant en des langages inattendus ; et, pour finir, une Anglaise démesurée, dont les dents semblaient des instruments de jardinage, s'exprima en ces termes :

"Je volé aussi apôté le participéchône de la libre Hangleterre à la manifestéchône si... si... pittoresque de la populéchône féminine de France pour l'émancipéchône de cette pâtie féminine. Hip ! hip ! hurrah !"

Cette fois, le nègre se mit à pousser de tels cris d'enthousiasme, avec des gestes de satisfaction si immodérés (jetant ses jambes par-dessus le dossier des banquettes et se tapant les cuisses avec fureur), que