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fut aimable, puis coquette, et il l’aima très ardemment en homme simple qu’il était. Il fit sa demande de mariage après six mois d’assiduités. Germaine consultée l’agréa, et le père dit « oui » de tout son cœur.

Ce fut un bon ménage à qui vint un fils seulement après cinq ans d’union.

La comtesse s’éprit pour son enfant d’un amour maternel extrême. Ce fut en elle la révélation d’un instinct puissant, insoupçonné jusque-là dans sa chair, et elle en désira d’autres.

Elle avait envie surtout d’une fille, pour l’élever suivant son âme, ses goûts, son idéal de femme.

Son désir ne se réalisant pas vite, elle s’attrista, s’inquiéta, et, troublée devant cet insaisissable rêve, adressa au ciel sa plainte d’épouse. Une espèce de dévotion particulière et mystique la poussa vers Marie, patronne des mères. Elle ne l’implorait pas, comme implorent les fanatiques, avec des mots et des formules, mais elle lui envoyait du fond du cœur une constante et tendre prière.

Ce n’était pas une dévote ; elle n’était pas même ardemment croyante, ayant été élevée entre un père indifférent à ces choses et une mère presque incrédule. Mme Boutemart, en effet, née à l’époque où les grandes luttes morales, philosophiques et religieuses de la Révolution avaient fait disparaître les croyances pieuses dans beaucoup de familles, garda toute sa vie les opinions indépendantes que lui inculqua son père.

Sa fille Germaine fut cependant baptisée et fit sa première communion, mais elle ne reçut ensuite de sa mère aucune doctrine et aucune ferveur religieuses.

Or, quand elle devint orpheline et alla passer trois ans dans l’élégante pension de Paris où elle compléta son éducation dans tous les genres, on lui donna de la Foi chrétienne comme de l’histoire et de la musique.