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ÉTRENNES.


Jacques de Randal, ayant dîné seul chez lui, dit à son valet de chambre qu’il pouvait sortir et il s’assit devant sa table pour écrire des lettres.

Il finissait ainsi toutes les années, seul, écrivant et rêvassant. Il faisait pour lui une sorte de revue des choses passées depuis le dernier jour de l’an, des choses finies, des choses mortes ; et à mesure que surgissaient devant ses yeux les visages de ses amis, il leur écrivait quelques lignes, un bonjour cordial du 1er  janvier.

Donc il s’assit, ouvrit un tiroir, prit dedans une photographie de femme, la regarda quelques secondes, et la baisa. Puis, l’ayant posée à côté de sa feuille de papier, il commença :

« Ma chère Irène, vous avez dû recevoir tantôt le petit souvenir que j’adresse à la femme ; je me suis enfermé ce soir, pour vous dire… »

La plume resta immobile. Jacques se leva et se mit à marcher.

Depuis dix mois il avait une maîtresse, non point une maîtresse comme les autres, une femme à aven-