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vastes massifs de fleurs royales. Elle est tout simplement précédée d’un petit jardin potager, un petit jardin de curé, où on cherche un globe de verre. Une haie sépare cet enclos modeste de la ligne de chemin de fer. Mais quand on pénètre dans le sanctuaire, on demeure stupéfait.

Zola travaille au milieu d’une pièce démesurément grande et haute, qu’un vitrage, donnant sur la plaine, éclaire dans toute sa largeur. Et cet immense cabinet est aussi tendu d’immenses tapisseries, encombré de meubles de tous les temps et de tous les pays. Des armures du Moyen Age, authentiques ou non, voisinent avec d’étonnants meubles japonais et de gracieux objets du dix-huitième siècle. La cheminée monumentale, flanquée de deux bonshommes de pierre, pourrait brûler un chêne en un jour ; et la corniche est dorée à plein or, et chaque meuble est surchargé de bibelots.

Et pourtant Zola n’est point collectionneur : il semble acheter pour acheter, un peu pêle-mêle, au hasard de sa fantaisie excitée, suivant les caprices de son œil, la séduction des formes ou de la couleur, sans s’inquiéter, comme Goncourt, des origines authentiques et de la valeur incontestable.