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mauvaise, puisque c’est produire une œuvre d’erreur.

L’imagination a été ainsi définie par Horace :

Humano capiti cervicem pictor equinam
Jungere si velit, et varias inducere plumas
Undique collatis membris, ut turpiter atrum
Desinit in piscem mulier formosa superne…

C’est-à-dire que tout l’effort de notre imagination ne peut parvenir qu’à mettre une tête de belle femme sur un corps de cheval, à couvrir cet animal de plumes et à le terminer en hideux poisson ; soit à produire un monstre.

Conclusion : Tout ce qui n’est pas exactement vrai est déformé, c’est-à-dire devient un monstre. De là à affirmer que la littérature d’imagination ne produit que des monstres, il n’y a pas loin.

Il est vrai que l’œil et l’esprit des hommes s’accoutument aux monstres, qui, dès lors, cessent d’en être, puisqu’ils ne sont monstres que par l’étonnement qu’ils excitent en nous.

Donc, pour Zola, la vérité seule peut produire des œuvres d’art. Il ne faut donc pas imaginer ; il faut observer et décrire scrupuleusement ce qu’on a vu.