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tracés, dont le talent manque d’initiative. Ceux-là ne peuvent jamais rien imaginer au delà de ce qui existe, et quand on leur parle des tentatives nouvelles, ils répondent doctoralement : « On ne fera pas mieux que ce qui est ». Cette réponse est juste ; mais tout en admettant qu’on ne fera pas mieux, on peut bien convenir qu’on fera autrement. La source est la même, soit ; mais on changera le cours, et les circuits de l’art seront différents, ses accidents autrement variés.

Donc Zola est un révolutionnaire. Mais un révolutionnaire élevé dans l’admiration de ce qu’il veut démolir, comme un prêtre qui quitte l’autel, comme M. Renan soutenant en somme la Religion, dont bien des gens l’ont cru l’ennemi irréconciliable.

Ainsi, tout en attaquant violemment les romantiques, le romancier qui s’est baptisé naturaliste emploie les mêmes procédés de grossissement, mais appliqués d’une manière différente.

Sa théorie est celle-ci : Nous n’avons pas d’autre modèle que la vie puisque nous ne concevons rien au delà de nos sens ; par conséquent, déformer la vie est produire une œuvre