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il n’alla jusqu’au désespoir ; et, en ses plus grandes hésitations, il se consolait par cette pensée ingénument audacieuse : « Ma foi tant pis ! si je ne suis pas un grand poète je serai au moins un grand prosateur. » C’est qu’il avait une foi robuste, venue de la conscience intime d’un robuste talent, encore endormi, encore confus, mais dont il sentait l’effort pour naître, comme une femme sent remuer l’enfant qu’elle porte en elle.

Enfin il publia un volume de nouvelles : les Contes à Ninon, d’un style travaillé, d’une bonne allure littéraire, d’un charme réel, mais où n’apparaissent que vaguement les qualités futures, et surtout l’extrême puissance qu’il devait déployer dans sa série des Rougon-Macquart.

Un an plus tard, il donnait la Confession de Claude, qui semble une sorte d’auto biographie, œuvre peu digérée, sans envergure et sans grand intérêt ; puis Thérèse Raquin, un beau livre d’où sortit un beau drame ; puis Madeleine Férat, roman de second ordre où se rencontrent pourtant de vives qualités d’observation.

Cependant Émile Zola avait quitté depuis