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À PROPOS DU DIVORCE




En dehors de toutes les raisons invoquées pour ou contre le divorce, il en est une qui me semble être restée inaperçue jusqu’ici, celle que nous pourrions appeler la « raison sentimentale ». Nous ne sommes pas des gens logiques ni raisonnables, mais des gens à sentiments subtils ; et les plus justes arguments ne valent jamais, dans notre esprit, quelque préjugé poétique.

En politique, en morale, même en art, nous ne sommes jamais déterminés par des raisonnements, mais toujours par des impulsions raffinées et souvent fausses, venues d’un idéalisme exalté.

Le plus grand obstacle que le divorce rencontrera avant d’entrer dans nos mœurs, après être entré dans nos lois, sera peut-être une répulsion de cette nature.

Je prends un exemple pour me faire comprendre. Il est, dans Monsieur de Camors, un mot qui parut odieux aux uns, superbe aux autres. C’est le fameux « parbleu ! » que l’amant répond à la maîtresse quand, après la chute, elle lui dit :

— Comme vous devez me mépriser !

Si M. Feuillet avait eu quelque souci de la vraisemblance, il n’aurait point écrit ce parbleu ! que jamais homme ne répondra.