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d’incidents qui, en fait, ne sont jamais sortis des sphères purement parlementaires et n’ont eu d’autre caractère que celui d’un mouvement d’opinion comme il s’en produit fréquemment dans les pays libres.

La presse des deux pays s’en est mêlée. L’amour-propre aidant, certains esprits se sont échauffés et on est allé jusqu’à prononcer le mot de désaccord. On a même, parfois, poussé plus loin l’exagération. Rien cependant, n’est plus complètement inexact.

La vérité est que le gouvernement italien, trop avisé et trop habile pour vouloir sérieusement suivre en Tunisie une politique de conquête et d’envahissement, n’a jamais songé au fond à nous y contester notre légitime influence. Et, si à certaines heures, les ministres du roi Humbert se sont servis de la question tunisienne pour faire diversion, comme nous le disions tout à l’heure, aux appétits immodérés des partisans de l’Italia irredenta et des forcenés de l’opposition, leur attitude à cet égard n’a eu en réalité d’autre importance que celle d’une manœuvre parlementaire et d’autre valeur que celle d’un argument de tribune. Il suffirait d’un peu d’habileté de notre part pour dissiper ce nuage, qui n’a rien, au fond, de menaçant.

On a beaucoup parlé aussi de l’Allemagne. Les gens qui aperçoivent partout la main de M. de Bismarck ont prétendu qu’il verrait d’un mauvais œil l’établissement définitif de notre prépondérance à Tunis et qu’il pourrait être, sous ce rapport, imprudent de notre part de revendiquer les