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que, dans ces conditions, elle puisse se maintenir longtemps.

À ces intérêts matériels que possède la France en Tunisie, il convient d’ajouter la protection exclusive des catholiques, protection qui, dans toutes les contrées d’Orient, est pour nous un puissant élément d’influence.

Mais tout cela est insuffisant. Nous avons trop ou trop peu, car, comme l’a fort justement dit un de nos diplomates les plus distingués, l’influence ne se partage pas. Il faut la posséder tout entière ou se résigner à la perdre complètement. Le terrain que nous avons si sagement conquis en Tunisie nous crée donc l’obligation de persévérer dans une voie où l’on ne s’arrête pas sans danger, et nous devons aujourd’hui marcher d’un pas mesuré mais ferme vers un objectif qui ne saurait nous être légitimement contesté. Nous devons, en un mot, acquérir dans la Régence assez d’autorité, assez de pouvoir pour y assurer définitivement la protection de nos intérêts et pour que rien d’essentiel ne puisse s’y faire, non seulement contre nous, mais encore en dehors de nous. Nous le devons sous peine de la plus maladroite des abdications et de la plus humiliante des déchéances.

Qu’on ne se méprenne point, toutefois, sur nos intentions. Il ne s’agit nullement ici de conquête matérielle et rien n’est plus éloigné de notre pensée qu’une prise de possession par la France du territoire tunisien. Nous avons, au contraire, la conviction qu’une résolution de ce genre présenterait plus d’inconvénient que d’avantages, qu’elle