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courtes vues est rebelle par tempérament autant que par calcul à toute idée de progrès.

Il en résulte, d’une part, une inconcevable incurie à l’égard des désordres continuels qui ont lieu sur la frontière algérienne et des incursions sans cesse renouvelées des tribus insoumises sur notre territoire ; d’autre part, une force d’inertie irrésistible opposée aux légitimes exigences du Gouvernement français ; résistance qui, il faut bien l’avouer, trouve quelquefois son point d’appui dans les encouragements platoniques du consul d’Italie, plus zélé que clairvoyant.

Or, il est évident, pour tout esprit non prévenu, que nous avons le droit et le devoir, non seulement d’exiger du Bardo qu’il fasse la police de sa frontière et qu’il ne compromette pas la sécurité de la nôtre, comme il ne cesse de le faire, par son incurie, sa faiblesse ou sa mauvaise volonté, mais encore d’empêcher que la tranquillité d’un Etat aussi voisin de l’Algérie soit constamment menacée et que des influences rivales de la nôtre puissent y avoir cours.

En un mot, étant incontestablement intéressés à ce que personne en dehors de nous, n’exerce à Tunis une action prépondérante, nous devons, à tout prix, nous placer vis-à-vis du Gouvernement tunisien dans une situation assez forte pour que rien de préjudiciable aux interêts qu’il nous importe de défendre ne puisse s’accomplir dans la Régence.

Cela est si vrai, qu’à travers toutes les hésitations de notre politique extérieure et malgré la