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Au nombre de ces dernières, et en première ligne pour le moment, se place incontestablement la question de Tunis. Il n’en est peut-être pas une qui intéresse plus vivement la France et qui soit moins connue des Français.

Quoi de plus essentiel pour nous, cependant, que d’assurer d’une façon incontestable et incontestée notre influence dans la régence de Tunis ?

La situation géographique de cette principauté, qui confine à l’est avec notre colonie algérienne, autant que le nombre et l’importance des intérêts français engagés ne laissent aucun doute à cet égard.

Le Bey est absolument incapable de maintenir sérieusement l’autonomie de ses Etats. Son gouvernement est sans force, sans dignité, sans énergie. Le pays, honteusement exploité par une demi-douzaine de hauts fonctionnaires, est en proie à la plus complète anarchie. Sans administration, sans justice, sans armée, il est nécessairement ouvert à toutes les intrigues du dehors.

Mustapha Ben Ismaïn, premier ministre du Bey, gouverne en son nom avec une autorité sans bornes et sans contrôle. Esprit médiocre, caractère mesquin, nature molle et débauchée, passionné à l’excès pour les richesses, il se livre incessamment aux plus scandaleuses exactions. Préoccupé avant tout de son intérêt personnel, que ses connaissances bornées ne lui permettent même pas de discerner avec clairvoyance, cet homme d’Etat à