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vingt-dix-neuf sauts qui jalonnent la Mana, de Saut Sabat à Fini Saut.

Nous passons deux nouveaux rapides sans difficultés et sommes arrêtés par la chute du Saut Dame Jeanne Les canots sont déchargés en partie et, empruntant un bistouri, c’est-à-dire une dérivation de la rivière étroite, tumultueuse, mais franchissable.

Décharger, recharger, décharger ! Comme les piroguiers, je trimballe caisses et sacs, histoire de me mettre en forme pour le raid.

Rencontrons un petit rapide passé par un bistouri, puis Saut Naï, beaucoup plus important, avec trois grosses chutes qui barrent la rivière dans toute sa largeur. Pour franchir Saut Naï, les canotiers empruntent un bistouri barré par un rapide franchissable, situé sur le côté gauche. Encore une fois : Saut Naï n’est pas indiqué sur la carte !

Coudreau est le seul explorateur qui traça une carte complète et exacte de la Mana avec ses quatre-vingt-dix-neuf sauts ; malheureusement, ces cartes sont absolument introuvables, elles ont même disparu de ses ouvrages à la bibliothèque de Cayenne, arrachées par quelques mains maniaques.

Il est vrai que, jusqu’à cette date, aucune mission géographique n’a remonté la Mana ; je suis aussi le seul journaliste ayant pénétré aussi avant dans le pays, Albert Londres, lui-même, n’ayant pas dépassé Dépôt Lézard.

La piste dans le sous-bois qui permet aux passagers de franchir le saut à pied sec et sans encombre est barrée de rayons de soleil perçant les frondaisons épaisses, pleins du tourbillon de milliards d’êtres infiniment petits, et dans lesquels viennent s’ébattre des nuées de