Des caisses sauvées du naufrage sont entassées sous un carbet. Un abattis de manioc, de cannes à sucre et de bananiers déjà envahis par la brousse cerne les habitations aux poutres rongées. On s’installe, les hamacs tendus ; le repas de midi se digère au cours d’une sieste réparatrice.
Au réveil, un piroguier Saramaca parti à la chasse nous prévient qu’il a abattu cinq pécaris. Les hommes vont les chercher en forêt. Après avoir ébouillanté la peau et raclé les poils, les cochons sont dépecés et mis à rôtir, à boucaner ou à saler. Ce travail se poursuit fort avant dans la nuit à la lueur des lampes à pétrole. Une bonne odeur de chair grillée envahit le campement et nous consommons avec appétit les morceaux les meilleurs des pécaris abattus. Après la sieste nous sommes allés visiter un cimetière, très simple, caché dans une clairière de la forêt qui domine le fleuve : quelques croix démantibulées, sans noms, auxquelles les lianes tombantes s’accrochent.
En ce lieu, on ne sent pas la mort et l’on pense, au contraire, qu’il ferait bon reposer ici du sommeil éternel.
Près du cimetière, quelques carbets en ruine envahis de broussailles, des objets domestiques pourrissant, des fours à pain craquelés, encore un village guyanais abandonné, une halte accueillante de moins sur le dur chemin conduisant aux placers.
Repos au camp. Nous chassons, nous pêchons sans entrain, retournant reposer dans le hamac, rêvant de boissons glacées.