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soit calmée, la fatigue persiste, je me sens vidé. L’après-midi, j’ai abattu un autre bois canon ; la sève jaune jaillissait comme une fontaine avec force, m’aspergeant tout entier.

J’ai dégagé au sabre le tronc tombé dans les broussailles, puis j’ai commencé à le débiter en morceaux de trois mètres. Ma hachette de camp, minuscule, est insuffisante pour un tel travail. Je n’ai pas su le prévoir et c’est bien là ma faute.

Le travail est harassant, j’ai l’impression de ne jamais pouvoir le mener à bien. Je hache de mon mieux mais ce sont mes forces qui me trahissent. Je n’en puis plus, je ne peux plus.

J’ai coupé deux rondins. Les faisant glisser jusqu’à la rivière sur un lit de branchages, je les ai conduits sur les roches du saut où je vais entreprendre la construction. Ça flotte, mais je pense qu’il en faudra beaucoup pour me supporter avec le sac. La cheville toujours enflée me manque parfois et je tombe, demeurant longtemps avant de pouvoir me relever. Je crois avoir des nerfs démis, ils forment une véritable boule, dure et violacée.

Jeudi 5 Janvier.

Me suis mis à terminer l’abattage du premier bois canon puis j’ai commencé à en abattre un autre. Je dois abandonner le tronc creusé de moitié, n’en pouvant plus. Je supplie Dieu de m’accorder la grâce d’un miracle, de faire souffler un vent violent qui, balançant le tronc, le mette à bas… Enfin, le vent s’est levé avec force, j’ai entendu un bruit immense, puis le bois canon est tombé d’une seule masse en terrain découvert. J’ai