de camp, de leurs danses, du train-train quotidien, de l’odeur du « Roucou », celle du « Génipapo ». Ah ! ces Tumuc Humac, combien la route que j’ai choisie pour te joindre est pénible ! Aujourd’hui, montagne après montagne, chaque dix mètres, j’arrête, le cœur battant, je n’en puis plus. Oh ! joie, je tue un petit oiseau… puis une perdrix… Allons courage, ce soir nous mangerons. Alors je me sens fort et j’avance, songeant à trouver un lieu propice pour installer le camp.
Soudain, j’entends les hautes branches s’agiter, se froisser, craquer…
c’est l’avance d’une troupe de couatas. En hâte je dépose le sac et, armé du fusil et du sabre, m’enfonce dans le sous-bois avec une prudence de siou, sans bruit, tantôt courbé, tantôt rampant, les voici… à cinquante mètres environ. Un énorme tronc couché me sert de cachette. Je m’embusque, j’attends. S’ils continuent dans cette direction bientôt ils seront au-dessus de ma tête. Eux, s’attardant, jouant, mangent. Ils sont de la taille d’enfants de dix ans, noirs et silencieux, à peine un grognement de ci de là, un petit cri… Un, puis deux, puis trois passent en voltige… j’attends. Des fourmis, insidieusement, m’envahissent, ça démange, ça brûle… Tant pis, je ne bouge pas. En voici un… trente à quarante mètres… il reste suspendu cinq secondes à une branche, offrant sa large poitrine. J’ai tiré, il tombe d’une seule masse et reste suspendu par la queue quelques mètres plus bas, à quarante mètres environ au-dessus du sol. Fou de rage, je tire sur la queue, puis je me précipite à l’arbre, remue de toutes mes forces les lianes qui le ceignent dans le vain espoir de déranger la cime et de faire choir le singe. De là haut, mort, hors de ma portée, il me nargue et son sang