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Voici la nuit. Je m’étends sans pouvoir dormir — grand silence dans la futaie assombrie — puis un vent d’orage — un crépitement continu — il pleut !

Mardi 13 Décembre.

Dès l’aube, impatient, je plie le hamac et me prépare à partir. Une bande de macaques envahit la rivière. Je tire, sans résultat, car ces animaux sont sans cesse en voltige mais un canard, effrayé par leur tintamare, se pose sur une branche basse à bonne portée. Tiré, tué, plumé, je le charge sur le sac à dos et en route. Je laisse au camp un sac G. I. avec le sel et les munitions et le rechange — ainsi qu’une musette. La piste est passable et dès les premiers coups de sabre, j’ébrèche un nid de mouches maçonnes et suis mis à mal par ses habitants. Le sac à dos pèse et les bretelles ont des craquements sinistres, quoique réparées et doublées de fraîche date. Trente kilogs est un poids qu’elles ne supporteront pas jusqu’à la fin du raid. Sel et munitions dans le sac G. I. pèsent à peu près dix kilogs. Je n’ai que le strict nécessaire pour huit mois : pharmacie, munitions, allumettes, pacotilles indiennes et cependant, c’est beaucoup. J’ai aussi une hache et deux sabres de réserve.

La pacotille indienne se compose essentiellement de hameçons, fil à pêche et fil à coudre, choses nécessaires si l’on désire être bien accueilli par les tribus indiennes que l’on est appelé à rencontrer. Enfin ! j’irai lentement, mais j’irai.

Je compte deux mille quatre cents pas, dépose le sac à dos et reviens au camp n°1 — ou « tourca du départ » — chercher le sac G. I., armé de la carabine et du sabre. Fatigué, j’arrête, fume une pipe, repars.