Le sommeil est long à me prendre et le cafard, indécis jusqu’alors, marque des points avec la pluie qui m’éclabousse régulièrement et l’éternelle musique des crapauds buffles.
Journée de repos — On est tous plus ou moins mal fichus et je soigne tout le monde d’ulcérations qui affectent les jambes et surtout les doigts de pieds. Entre chaque doigt, à la suite de permanence dans l’eau, le sable jouant comme une lime, a sapé la chair et provoqué de larges et profondes lésions très vite suppurantes et fort douloureuses. Les pieds enflent et des glandes bourrèlent l’aine. J’en profite pour étaler mes affaires au soleil. L’humidité moisit et ronge. À ce train, mon équipement n’en a pas pour longtemps. Les Boschs vaquent au camp sommairement installé. L’un aiguise son sabre, l’autre taille un manche de hache, le troisième féraille un petit coffre en bois au fouillis sympathique de vieux chiffons, de fil de fer et de mille bricoles rapinées de ci de là. Je le regarde contempler ses richesses. Il lève les yeux et dit pensivement :
— Ou ka gagné beaucoup sous marqués pour faire travail là dans bois, gagner tellement que coffre là, pas pouvé porter !
J’ai doucement rigolé. S’il savait, le bonhomme !
Toilette. — On se lave les dents avec le sable fin d’une plage car le dentifrice est écrasé depuis longtemps. Sur le boucan, aïmaras et lézards se patinent doucement et prennent au soleil des tons de vieux cuivres.
De belles vues de chasse ou de pêche enregistrées au cours du voyage sont perdues. Le film s’était à nouveau