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te pour moi, petite, bien équilibrée, ne faisant pas d’eau !

Seulement, je n’avais pas les 5.000 francs… et voilà…

Vers deux heures de l’après-midi, après avoir pagayé sans arrêt, un saut important précédé d’un rapide tumultueux me barre le passage. C’est le saut Vitallo. Le rapide est passé grâce à un « bistouri » proche d’un îlot et j’aborde le saut par côté, amarrant le canot aux roches à sec.

La chute fait 1 m. 50, elle est violente sur une largeur de 7 m. environ avec, à droite une plate-forme rocheuse, à gauche une rive vaseuse cachée par des arbustes penchés. Je décharge les bagages sur la plate-forme et, après avoir cherché un passage possible dans la chute, hale le canot à la cordelle ; mais le courant soudain me fait perdre l’équilibre, je cherche en vain à me raccrocher aux aspérités des roches, le canot se met de travers, il est roulé, emporté, culbuté, moi à la traîne, tenant toujours la corde. Soudain, une douleur atroce au genou ; je viens de buter une roche immergée ; je crois perdre connaissance et me raccroche de mon mieux au canot qui dérive maintenant en eau calme. Je reprends des forces sur une plagette… J’avais craint un instant m’être brisé la jambe. Il n’en est rien heureusement. Je ramène le canot à la nage jusqu’à la plate-forme et me repose car l’après-midi est fort avancée maintenant et je décide de faire demain une nouvelle tentative pour passer le saut.

Mes affaires étalées au soleil sèchent doucement. Tout moisit de l’humidité constante des nuits.

J’installe le hamac et songe à un moyen propre à passer le saut sans risque.