le pouls d’un bébé malade, ordonnant tisanes, cachets, diètes et supprimant tafia et piments aux estomacs fatigués.
Le serpent agouti jette la terreur chez les noirs qui le contemplent à distance respectueuse et qui, sachant que je les chasse pour les conserver, racontent qu’il y a un énorme anaconda tout près d’ici, dans un renfoncement de la berge. Mais une discussion s’élève, les anciens ne voulant pas que l’on me révèle l’endroit où se cache l’anaconda, celui-ci, suivant leur croyance servant de gîte à l’Esprit du Dieu Bosch.
En attendant, le serpent agouti est mis en bouteille non sans peine et macère dans du tafia.
Deux Boschs consentent à me conduire au Maroni moyennant cinq grammes d’or. Ils sont payés, mais la caisse est vide une fois de plus.
Si tout va bien, ce soir je serai à Maripasoula.
Conduit de main de maître sur la rivière large et monotone, le canot avance rapidement. À l’arrière, le mari, à l’avant, sa femme — cette dernière aussi musclée que son mari et ne lui cédant en rien, entretenant la cadence d’un homme. De nombreux affleurements granitiques, des arènes de sable.
La journée s’écoule lentement, le soleil darde.
Au soir, nous découvrons l’Itany, large, majestueux, encombré d’îlots. Le poste de douane installé sur un promontoire ne nous retient que quelques instants
— Pas d’or à déclarer ?
— Plus d’or à déclarer !
Soupçonneux, en short élimé, le douanier, un créole, se gratte l’occiput et donne enfin le magique et bienvenu :
— Ça va… passez !