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Après la crique Ouapa, toute proche de l’emplacement de l’ancien village, c’est la montagne du Brésil, la Crique Cordelle où un porteur patauge à son tour dans Jaboue, ayant perdu son équilibre, et voici la montagne Dioukali.

Soudain une odeur forte nous submerge, un roulement de tonnerre se répercute, des grognements, des piétinements, une cavalcade éperdue et pesante… un troupeau de pécaris nous croise… feu !… un pécari reste sur le carreau. C’est une femelle énorme ; la balle a traversé le ventre et, comme elle n’est pas morte, un porteur l’achève au sabre. Après avoir lié les pattes, ils traînent l’énorme animal vers les katouris abandonnés sur la piste pour le dépecer lorsqu’ils fuient, lâchant la corde, battant l’air de leurs bras comme un moulin à vent et poussant des cris d’orfraie ; intrigué, à tout hasard ayant armé la carabine, je les rejoins et, à mon tour de virer les deux bras comme un moulin et de rugir, piqué aux joues, aux épaules, aux mains, partout à la fois par une escadrille de mouches indiennes, avant-garde de toute une armée que nous avons ameutée en buttant leur nid au pied d’un arbre. J’éprouve de cuisantes brûlures lentes à disparaître. Tout passe, les brûlures aussi, mais de petites enflures apparaissent. Il faut maintenant se saisir du cochon abandonné, objectif de milliers de mouches sauvages qui mettent sur le cadavre une auréole d’épines.

Après une demi-heure d’effort, à l’aide d’un nœud coulant mis au bout d’une perche, le cochon est attrapé, ramené, dépecé et nous voilà chargés chacun d’un énorme quartier de viande saignante qui, amarrée sur les sacs, laisse derrière nous une trace très nette.

En route ; la charge est lourde — environ quinze à