et déclare que ce revolver-là ne vaudra jamais trois cents cruseiros et qu’il ne l’aurait pas voulu échanger contre un cuir de crocodile. Benedito s’est vexé. Il prend le revolver, vise une bouteille à vingt pas, tire et la fait éclater en morceaux. L’homme alors a grogné et il a pris le revolver… on voyait qu’il allait l’acheter. A ce moment Pedro est arrivé sur son cheval… il traverse la rue, l’homme le voit, sourit, arme le revolver, tire sur Pedro, l’abat, puis se tourne sur Benedito d’un air satisfait : « J’achète dit-il. Et il a acheté.
— Mais vous ne l’avez pas arrêté…
— Non… il a payé Benedito puis il est reparti aussitôt à cheval, Dieu seul sait où… d’ailleurs personne n’aimait Pedro.
Manoel entre, il vient vers nous.
— Oh, Français… je te cherchais… tu veux voir des Indiens ?
Je bondis…
— Où ?
— Viens avec moi.
Je sors, laissant le patron à ses histoires. Dehors, le soleil m’assomme à moitié, mais je réussis à suivre Manoel qui me conduit par des pistes détournées à l’antre bout du village et montre du doigt une maigre agglomération de cahutes que je n’avais pas encore remarquée.
— C’est là, dit-il… dépêche-toi d’aller les voir parce que demain matin, à la première heure, nous partons pour Barra Cuyaba sur le Rio das Garcas… tu verras des chercheurs de diamants.
Laissant Manoel qui se dirige maintenant vers la crique,