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a reçus ; il nous a raconté comment à son retour des champs, lui et ses fils sont partis à la recherche de leurs femmes. La maison était pillée de fond en comble. Ils ont retrouvé le corps de la grand’mère, de la femme et de la plus âgée des filles au bord de la rivière où elles étaient allées laver du linge, quant à la cadette, elle avait disparu, sans doute enlevée par les Indiens qui, suivant leurs coutumes, s’en serviront comme reproductrice pour regaillardir le sang de la race. Les corps des trois autres étaient affreusement mutilés et à côté d’eux gisaient les « bordunas », c’est-à-dire les matraques en bois de fer utilisées par les Chavantes et qu’ils ont l’habitude de laisser auprès de leurs victimes.

Donc nous marchions, Joa Perreira et moi, lorsque la nuit tombante nous a obligés à faire halte. Je suis parti chercher du bois, tout était tellement humide que j’avais de la difficulté à trouver des souches bien sèches. Soudain, j’ai entendu un grand cri… je suis revenu au lieu du bivouac en courant et j’ai failli me trouver nez à nez avec les Chavantes qui tapaient sur le pauvre Joa à coups de borduna. J’ai été obligé de me cacher parce qu’ils étaient trop nombreux et que mon intervention n’aurait servi à rien. Avant de partir, les Indiens ont pillé notre matériel et emporté nos vivres, puis ils ont essayé d’achever Joa en lui piquant la pointe de leur bâton dans les côtes. Je savais où trouver une pirogue, j’ai traîné Joa jusqu’à la rivière et nous voilà.

Antonio montre une borduna qu’il a ramenée de son équipée. C’est une solide matraque en bois de fer, longue d’au moins 75 centimètres, légèrement courbée, bien polie au