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— Mais, dis-je… le patron m’a promis…

— Le patron, coupe Manoel, ne vous a rien promis ; il a voulu faire l’important à vos yeux, tout simplement… restez ici.

Comme je ne suis pas très courageux et que j’ai horreur des scandales, je reste assis et j’écoute Manoel qui semble tenir absolument à remplacer Pablo et m’expliquer en détail les règles essentielles de l’art de revenir vivant de l’intérieur brésilien.

Drôle de pays, je commence à comprendre pourquoi je n’ai pas encore vu un seul Européen dans les parages et Manoel m’assure qui’il n’y en a pas non plus chez les chercheurs de diamants.

— Tu comprends, me dit-il, soudain familier, il y a le climat, les coutumes, la nourriture qui les rebutent et puis le travail est trop dur, alors ils abandonnent et disparaissent.

Je songe à Sanders, à tous les autres, à leurs illusions, je les vois dans ces terres infernales, aux prises avec les traquenards journaliers et inévitables et j’ai hâte de les rencontrer à nouveau pour détruire leurs rêves les plus dorés.

— De l’or, du diamant, bien sûr qui’il y en a, dit encore Manoel… en cherchant, pour t’amuser, tu peux facilement récolter cinq à dix grammes par jour… parfois plus, parfois moins ; ça dépend des sables, mais il faut savoir chercher. Moi, je sais où il y a de l’or, beaucoup d’or, on le voit qui brille dans le sable et il n’y a qu’à se baisser pour en remplir des sacs de cuir et revenir