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le dos et on raconte ses exploits ou ceux des autres, en buvant sec.

— Tu te souviens de Miguel ?

— Quel Miguel ?

— Puxa… celui de Sao José.

— Oui… et alors ?

— Pois é… tu sais ce qu’il a fait à ce bougre de Portugais qui tenait un armazem à Sao Vicente, avec sa négresse, à velha Amelia…

— Dis vite.

— Le vieux prenait le frais devant la porte de la boutique, avec son gros ventre, un ventre comme ça, tellement gros qu’il ne pouvait pas s’asseoir tout seul dans sa pirogue et qu’il fallait le caler dedans comme un gros sac de fumier… porco de portugués que estao comendo a nossa carne…[1]

— Certo… approuvèrent les autres.

— Donc le vieux prenait le frais. Miguel passe. Il voit le ventre. Le ventre lui tape dans l’œil. Il n’a pas pu résister, pif-paf… Il y met un grand coup de couteau dedans et lui traverse les intestins. Après, il dit en rigolant au vieux qui se tordait par terre et pissait le sang : « Je voulais savoir. Portugais de malheur, si tu pouvais y loger ça aussi. »

Le conteur boit d’un seul trait son verre, et les hommes de rire bruyamment de l’histoire, de rire et de boire encore à rouler sous la table. Parfois, ils redeviennent sombres,

  1. Cochons de Portugais, qui sont en train de manger notre viande.