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faille, l’interstice possible par lequel ils pourraient pénétrer dans nos frêles abris et festoyer à nos frais. Comme un tonnerre dans la grande paix de cette fin d’après midi, des grognements inarticulés, des branches brisées avec fracas font bondir Pablo et dresser l’oreille aux hommes rassemblés autour du feu.

En hâte, pressentant quelque dérivatif, je me lève, enfile les bottes et, la carabine à la main, m’engage à la suite de Pablo qui déjà se coule dans la forêt, de l’autre côté de la piste et disparait. A mon tour, je suis happé par les branches flexibles, hérissées d’épines acérées ; qui ouvrent de larges déchirures dans ma chemise ; je m’enlise par endroit, trébuche ailleurs, nous avançons l’un derrière l’autre, en silence, nous rapprochant davantage du vacarme qui parfois cesse, remplacé par de petits cris plaintifs et essouflés à peine perceptibles.

Pablo est à quelques mètres devant moi. Je le vois qui rampe sur les genoux dans une sorte de coulée étroite. Il s’arrête, observe un instant, épaule sa Winchester, fait feu, bondit aussitôt dans une étroite clairière dont le centre est occupé par l’amas fantastique de racines enchevêtrées d’un arbre foudroyé.

Entre les racines, au ras de terre, il y a un trou… En hâte, Pablo coupe quelques branches et les installe devant l’orifice de la tanière, croisées comme un grillage. J’escalade les racines, maintiens les piquets solidement enfoncés cependant que Pablo engage un rameau fourni dans le trou qui semble très profond.

— Français, attention !… crie Pablo.

En même temps, je sens les piquets plier, mes bras font