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plus foncés de la végétation qui borde les rivières et en dessine le cours dans ses moindres détails.

— Nous allons arriver à Goyana, annonce tard dans l’après-midi le pilote… attachez vos ceintures.

Première étape du voyage, récemment promue au rang de capitale de l’état de Goyaz, appelée, aux dires de certains, à prendre un essor considérable et à détrôner Rio de Janeiro comme capitale administrative du pays tout entier, Goyana, un instant aperçue sous l’aile de notre Douglas qui vire bas pour amorcer un virage et se poser sur l’étroite piste de l’aérodrome, m’apparaît comme une ville récemment soufflée par un ouragan dévastateur dont seul l’impeccable et grandiose tracé des avenues et des jardins demeurerait intact. Excepté une rangée de maisons basses, une place avec des bosquets et le palais du gouverneur, je ne vois rien pour justifier sa réputation de capitale en gestation qui, soudain, semble manquer des fonds nécessaires à l’achèvement de sa croissance.

Comme les vieilles choses abandonnées, Goyana est couvert d’une poussière rouge et impalpable qui, à la saison des pluies, se transforme en boue épaisse rendant difficile toute circulation, sinon à cheval ou par avion.

Le chef du Service de Protection aux Indiens des bureaux de Goyana vient m’attendre à la descente d’avion avec une superbe limousine dont les coussins de cuir sont couverts d’épaisses toisons de mouton teintées en orange. Nous roulons deux cents mètres, arrêt, hôtel.

— Vous êtes arrivé, me dit l’aimable personnage, demain nous aviserons pour continuer votre voyage en direc-