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sacripant, portier dans un bouge de la Lapa[1], qui, pour la modique somme de cinq cents cruseiros, consentit à se séparer à mon profit d’un Colt calibre 38 accompagné d’une pleine valise de balles cachées sous le sommier de son grabat, en prévision de quelque siège policier.

Valise et balles coûtèrent cent cruseiros de supplément, mais je pouvais à mon tour soutenir un siège avec quelques chances de succès. Une carabine à répétition calibre 22 (cadeau prévoyant de la comtesse) compléta l’armement. Je possédais déjà l’indispensable sabre d’abattis brésilien communément appelé « Machete » dans une belle gaine de cuir avec un stylet de bonne trempe.

L’habillement fut improvisé avec les vieilles choses que l’on déniche toujours dans les placards de chers vieux bons amis. Une chemise à carreaux verts et rouges qui appartint à feu un fermier du Parana, un pantalon de cheval renforcé de cuir, relique d’une famille aristocrate dont le grand-oncle était colonel, des chaussettes dont aucune ne formait la paire avec une semblable, et des fontes d’officier de cavalerie pour enfouir toutes ces choses que je sauvais ainsi définitivement de la moisissure dans laquelle elles se morfondaient.

J’achetai en même temps que de nombreux rouleaux de pellicules pour mon appareil photographique sommairement rafistolé, des tubes de comprimés d’athébrine destinés à prévenir la fièvre et jugeant mes préparatifs achevés de façon satisfaisante, laissai le reste au petit bonheur comptant bien sur la prévoyance du chef de l’expédition.

  1. Bas-quartiers de Rio de Janeiro.