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s’efforçait de pacifier les Chavantes et semblait vouloir porter un coup décisif au prestige des intouchables avec cette nouvelle tentative dirigée par un de ses inspecteurs, Francisco Meirelles.

J’en étais là de mes essais de départ, c’est-à-dire acculé à une impasse, lorsqu’un jour, un peu comme dans les histoires de fée, je rencontrais une comtesse italienne qui m’indiqua affablement la voie propre à la réalisation de mes projets. Nos anciens avaient raison qui affirmaient que la femme est la clef de toutes les réussites. Cette comtesse donc était intimement liée à un ministre en fonction, au portefeuille vague mais honorifique… Ce fut par son truchement et muni d’une recommandation impérative que je pus enfin admettre la po&sibilité du départ.

— Per deus… un appareil photographique !… il emporte « una machina » !… mais c’est de la folie, il veut nous faire massacrer, ragea Meirelles, qui se décida tout de même à céder à mes raisons et à celles du ministre.

— Croyez-vous que les Chavantes soient des modèles d’exposition ? « sào pelados no duro … puxa ».

Je dus humblement promettre de ne pas emporter d’ampoules au magnésium et de rester sage comme une image à ses côtés, sans risquer le moindre geste, quoi qu’il arrive.

— Souvenez-vous, me dit encore Meirelles, notre devise est « Morrer si necessario for, matar nunca »[1].

Puis, comme pour s’excuser :

— Ces Indiens sont tellement susceptibles, un rien les

  1. Mourir s’il le faut, tuer, jamais.