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pérais, fit repousser à nouveau mes offres avec terreur.

— Journaliste … étranger … ah non, pas de journalistes, s’écriaient avec ensemble les personnes sollicitées. Ce sont toujours ces gens-là qui causent des ennuis, ils s’imaginent en voyage d’agrément dans les réserves du Canada ou des États-Unis et n’ont aucune notion du danger, alors que le moindre geste déplacé peut irriter les Indiens et attirer les foudres de la tribu sur l’expédition … heureux qui sortirait alors vivant de l’aventure… ah non, pas de journalistes !…

Prétextant le caractère secret de sa mission, le chef de l’expédition m’opposait un refus courtois mais décisif. J’étais censé ignorer le véritable but du voyage, qui, présentant un caractère semi-officiel, risquait de s’attirer, en cas d’échec, de vives critiques de la part des journaux de Rio. C’est ainsi que ma présence, indésirable parce que professionnellement intéressée, pouvait aussi suspendre la redoutable épée de Damoclès de la critique sur la réputation du Service de Protection aux Indiens.

Parallèlement à l’avance des troupes de choc de la Fondation du Brésil Central, qui défrichent et créent des voies de communication dans l’intérieur brésilien, le Service de Protection aux Indiens, sous la présidence du Général Rondon, est chargé d’assurer la bonne entente des pionniers avec les Indiens rencontrés au cours de la pénétration dans les territoires inexplorés, et, en même temps, veiller à ce que des importuns ne déclenchent par leur maladresse la rebellion des tribus soumises.

L’expédition à laquelle j’aspirais de participer était organisée par ce service qui, depuis de nombreuses années,