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car il était sous le coup d’un arrêté d’expulsion qui mena­çait de réduire à néant ses prétentions de trafiquant de peaux de serpents.

Rimbaud, un Parisien bâtardé de Normand qui, avec sa gouaille et ses cravates invariablement nouées sur la même diagonale, essayait de séduire les dames mûres en mal d’affection pour leur soutirer l’argent nécessaire à l’exploitation d’un comptoir de verroterie sur l’Amazone.

Saravai, un Juif hongrois qui fabriquait des lotions capillaires dans sa chambre d’hôtel. Renvoyé pour atteinte aux bonnes mœurs, il devint mystique, jura de porter capuche et de convertir les Indiens.

Perrachi, un déserteur sicilien qui mélangeait les essences de parfum à de l’eau dentifrice, falsifiait les étiquettes et vendait très cher la mixture à ses amis de rencontre, économisant sou par sou, pour monter une entreprise de transport dans les États les plus dépourvus du Brésil.

Ahmed, un Égyptien, ex-champion de boxe, le nez cancéreux, les oreilles écrasées, traînant sa carrure lasse de bistro en bistro, couvert de dettes, toujours à l’afffût d’un verre, avec, dans ses poches, des photos qui lui rappelaient ses lendemains de victoire et dans une petite valise, des cravates et des montres qu’il vendait à la sauvette.

Johnny, un Écossais perpétuellement ivre, vivant à l’ombre d’Ahmed, qui voulait fouiller les ruines du Venezuela, découvrir un temple du soleil dont il possédait les plans et vider les souterrains des trésors qui les encom­braient. Il passait son temps à la bibliothèque municipale où il lisait avidement de vieux manuscrits, arrachant et