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Sans doute ont-ils subi le sort de Pimentel Barbosa, ingénieur brésilien qui, accompagné de sept hommes, prit la route du territoire interdit et dont les ossements, retrouvés en partie par notre expédition, reposent aujourd’hui à Sao Domingo, humble bourgade de pionniers, située sur la rive droite du Rio das Mortes.

Leur tombe est modeste. Elle voisine avec celles des prospecteurs attirés par l’or et le diamant abondant en cet endroit, avec celles des « fazeinderos » qui commencèrent à défricher au feu et à la hache des centaines d’hectares de forêt pour les couvrir ensuite de plantations d’ananas ou de manioc. Cabanes incendiées, champs ravagés, serviteurs disparus, femmes assassinées, puis finalement, au détour d’une piste, la horde silencieuse des indiens Chavantes brandissant leur arme de prédilection, la « borduna »…

Celle-ci fut la dernière vision de tous ceux-là…

Leurs cadavres aux os brisés ont été découverts par hasard et tous ces morts, et tout ce sang, ont établi une barrière solide entre le territoire interdit et les territoires soumis.

Pionniers et prospecteurs évitent les abords de ce pays inhospitalier. Quant aux Indiens qui vivaient sur les terres avoisinantes, ils ont dû émigrer ailleurs, ne trouvant pas davantage grâce devant leurs congénères farouchement hostiles à tout contact étranger.

On raconte que les femmes de certaines tribus n’auront pas assez de toute leur vie pour pleurer, suivant la coutume, leurs morts.

On évalue à vingt mille le nombre d’indiens Chavantes vivant dans les terres du Roncador. Leur territoire est