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mon mouchoir et le presse comme un citron. Mon estomac répugne au breuvage et des nausées me tordent, mais je bois tout de même. Au diable la stérilisation et tous les bons conseils, je tète à mon mouchoir plein d’une boue saignante avec délice.

C’est fade. On agrandit encore le trou… on découvre une flaque plus large. Meirelles crie au miracle :

— On a de la chance, dit-il, dans des cas pareils, le trou d’eau est problématique. Tout ce que l’on peut souhaiter, c’est d’avoir encore une balle dans le barillet du colt pour couper court aux souffrances.

Les chevaux viennent à leur tour, hennissant, ils lappent la boue, la creusent, élargissent le trou de leurs sabots et de leurs dents. Leurs yeux reflètent un bonheur humain et Clairon a des larmes qui perlent au bord de ses paupières desséchées. Les chevaux reprennent à vue d’œil.

En même temps que le trou, nous retrouvons la piste. C’est heureux. Après une heure de cavalcade, comme un mirage, à l’orée de la forêt, là où commence la pampa et finit le désert, des palmiers, une oasis verdoyante, une floraison d’arbustes et de bambous vernissés d’un vert tendre, bien gorgés d’eau, pas comme ceux que nous avons laissés en forêt.

Au grand galop nous nous précipitons et c’est la bousculade pour partager une nappe miniature, car notre oasis se révèle trompeuse.

Le trou est profond de cinquante centimètres, large de deux à trois mètres, aux trois quarts sec. Il faut encore filtrer l’eau à travers le mouchoir, mais c’est de l’eau tout de même.