tables, les demis de bière brune établissaient une ambiance propre à l’éclosion de discussions passionnées.
Et de quoi pouvions-nous parler, sinon de départ vers les terres demeurées vierges de l’intérieur brésilien :
— Milles cruseiros que tu ne pars pas, insistait Tad Schulzt, rédacteur au Brazil Herald de Rio.
— Milles cruseiros que je pars, soutenais-je… Ce grand garçon aux joues creuses m’ennuyait considérablement et pour rien au monde je n’aurais voulu lui donner raison.
— All right…
Une solide poignée de mains scella, aux yeux des personnes présentes à l’épilogue de notre entretien, cet engagement effronté qui allait être le point de départ de ma plus belle aventure.
Solennel, Tad se dressa à demi sur son siège, et, levant sa chope de bière :
— Je bois, dit-il… je bois à la santé qui nous est chère de ce vieux fou. Et, souhaitons-lui tous bonne chance.
Ils burent. Je trouvai la chose ridicule et emphatique, mais portai tout de même un toast à ma propre santé.
— Soyons fair play, reprit Tad. Buvons aux Chavantes, ces joyeux massacreurs, démocrates invétérés, et souhaitons-leur aussi bonne chance, car ils méritent leur liberté. A tes adversaires, Ray…
Je levai mon verre sans conviction et trouvai la pilule amère.
« Chavantes, Chavantes » … ce nom résonnait désagréablement à mes oreilles. Il m’était familier cependant, mais combien de légendes se rattachaient à lui. Après tout, étaient-ce bien des légendes, ces nouvelles colportées de