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des fumées montent, d’autres encore à la crête de la Serra du Roncador.

On en vient presque à souhaiter l’attaque, à désirer la bagarre. Maintenant, oubliant la devise du Service de Protection aux Indiens, nous sommes prêts à vendre chèrement notre peau et venger d’un seul coup les expéditions massacrées, et tous les « fazeinderos » et tous les chercheurs de diamants assassinés sur le sable des rivières bordant le territoire interdit.

Cependant… Insister, attendre, serait folie. La lutte ne saurait être à notre avantage. Meirelles ne veut pas lutter, car il conserve l’espoir d’une entente cordiale avec les Indiens, il veut la pacification et non pas la violence, la contrainte.

Nous reviendrons un jour.

Nous lâchons la bride des chevaux et rebroussant chemin, commençons la grande fuite à la recherche d’une piste que, dans notre précipitation, nous ne retrouvons plus, cheminant le dos voûté, meurtris par les selles de gros cuir, accablés par la fatigue et vidés par une dysenterie carabinée héritée lors de la découverte du trou d’eau.

Nous galopons jusqu’à la nuit afin de dérouter les éventuelles poursuites de la part des Indiens.

Le soir, nous reposons en silence à même la terre, enveloppés dans nos ponchos. Nous n’avons pas allumé de feu. Il fait froid. Meirelles grelotte, terrassé par un accès de paludisme. Chaque bruit nous fait sursauter, la tension nerveuse est lancinante, personne n’ose s’écarter du camp, les chevaux, les pattes entravées, broutent les pousses dures.