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— C’est l’attaque, pour Dieu, fuyons ou nous sommes perdus…

Nos chevaux refluent en désordre vers l’avant, mais une volée de flèches nous coupe toute velléité d’insister. Un cheval blessé s’emballe.

Je cherche vainement d’où viennent ces flèches. Je ne vois rien.

Un grand corps brun se glisse à cent mètres de là, entre deux fourrés, pour disparaître aussitôt. Mon cœur bat.

Meirelles avance seul. Il appelle et agite des colliers, des machetes qui brillent :

— Chavantes… ohohohohoh Chavantes…

Il hurle dans un dialecte indien des mots de bienvenue et de paix. Alfredo dégringole de cheval, tué net d’une flèche en plein cou. Le cheval blessé, qui était un animal de bat chargé de vivres et de munitions, s’enfuit en hennissant et disparaît dans le serrado sans que personne ait pensé à s’en emparer.

Les minutes passent lentement, les secondes peut-être qui sont aussi longues que des minutes.

Nous évitons de regarder le corps d’Alfredo affalé sur la rocaille, déjà environné de grosses mouches vertes.

Il faut serrer fort la bride des chevaux. Rien ne se déclenche, c’est une guerre froide, avec seulement de brefs sifflements lorsqu’une flèche vient se ficher au milieu de la piste. Nous pensons être tombés sur un groupe de protection qui se prépare à nous entretenir en état d’alerte jusqu’à l’arrivée des renforts. Très loin dans la pampa,