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Ce doit être un groupe de surveillance. Nous les apercevons aussi qui se glissent de fourrés en fourrés, armés d’arcs et de flèches, dans une manœuvre d’encerclement que ne désavouerait pas un grand militaire.

Voulant frapper les Indiens par notre indifférence à l’égard de leurs manœuvres offensives, nous organisons une nouvelle caravane, pour déposer des cadeaux dans la clairière.

La clairière est déserte, les objets laissés la veille ont disparu. Seules les photos ont été laissées pour compte.

— Laissons encore quelques colliers et changeons d’endroit, propose Meirelles.

Nous chargeons les chevaux et, abandonnant le camp, obliquons franchement vers l’ouest, vers la Serra du Roncador.

C’est la pampa, morne, hérissée d’arbres qui semblent artificiels tant ils sont noirs et décharnés. De rares oiseaux volettent éperdument. Un orage gronde, le ciel est bas, mais la chaleur n’en demeure pas moins insupportable.

— Il faut réussir, grommelle Meirelles. Dirigeons-nous vers leur village et voyons leur réaction.

Nous avançons lentement, les chevaux se suivant naseaux dans croupes.

— Cuidado os pelados, lance Manoel qui se replie vers Meirelles.

Je me retourne à temps pour voir une flèche se ficher à dix centimètres de la patte arrière de mon cheval, puis une autre qui tombe tout près de Guadino lequel, le visage cendré, s’écrie :