Page:Maufrais Aventures au Matto Grosso 1951.djvu/253

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cuir, le doigt sur la gâchette de la Winchester, Meirelles fait parler le caboclo qui, à moitié assommé, gémit…

— Je suis blessé à la tête, dit-il.

— Comment ?

— Une flèche sans doute… J’étais couché dans mon hamac et soudain j’ai senti un grand choc…

On regarde. Une grosse branche épineuse gît au creux de l’étoffe. Là où reposait la tête de l’homme.

Un grand éclat de rire nous délivre de l’anxiété. Les hommes se retournent, croyant à une crise de folie. On leur explique, ils rient à leur tour à grands éclats, se moquant du blessé qui, penaud, cherche à éviter les quolibets.

— Un singe, un singe lui a lancé une branche sur la tête pour le punir d’être aussi laid et il a cru que c’était une flèche… Ouhouhouhouh, le froussard !…

Maintenant on rit franchement de la méprise du pauvre garçon et tout à fait réveillé, on se prépare à partir à la clairière du sacrifice après nous être remis de ces émotions en avalant une bonne dose d’alcool de 90° (celui des pansements).

Nous partons, laissant le bivouac à la garde de quatre caboclos. Nous sommes armés de revolvers cachés sous les pans flottants de nos chemises et nos bras sont chargés de machetes et de colliers chatoyants. Nous déposons ces cadeaux dans la clairière à l’intention des Chavantes qui, nous sommes sûrs, rôdent alentour. Retour au camp en file indienne. Nous fumons pipe sur pipe. Personne ne parle, la forêt est silencieuse. Ça fait macabre. Tout à fait de circonstance.

Quatre heures… Notre caravane retourne à la clairière