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Chaque bruit paraît suspect. Nous sommes allongés dans nos hamacs, les armes à portée de la main. Tous les quarts d’heure, on s’interpelle :

— Tout va bien de ton côté ?

— Oui… et toi ?

— Aussi.

Quelques « cigarras » mènent grand vacarme. Les crapauds-buffles aussi.

— Tu as peur ?

— Un peu…

— Moi aussi…

Les moustiques bourdonnent ; personne ne pense plus à installer les moustiquaires. Les serpents d’eau, à leur tour, font un vacarme épouvantable, chassant dans les vasques les agoutis craintifs. Les heures s’écoulent avec lenteur, comme pour nous permettre de mieux analyser nos impressions. Un radioreportage, j’en suis sûr serait hallucinant.

J’essaie de noter tout ça sur mon carnet de route. C’est difficile. Le froid de l’aube me surprend. Je ferme un œil. À regret. L’autre… Je dors. Les sens en alerte.

Soudain, un grand cri. Un hurlement de terreur aux sonorités énormes.

En même temps que les autres, je saute du hamac. Je me précipite vers le corps qui s’est effondré dans l’humus.

— Là… là… bégaye l’homme.

Il tient à deux mains sa tête. Du sang coule entre ses doigts. Pendant que les hommes se bousculent, organisent la défense et s’acroupissent derrière les grosses selles de