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très loin, un immense incendie flambe. Peut-être est-ce une réponse à nos signaux de reconnaissance ?

Peut-être sont-ce les Indiens de quelque village en fête qui célèbrent la saison prochaine des récoltes ?

Peut-être enfin est-ce la grande réunion des tribus préludant à l’attaque des étrangers envahissant le territoire tabou ? La nuit passe vite. Notre deuxième nuit. Nous commençons à les compter.

Après avoir bu un quart de café amer, nous repartons pour une longue course. Nous avons eu quelque peine à rassembler les chevaux qui semblaient apprécier la liberté des larges espaces sans entraves ni poids sur l’échine.

Pour gagner du temps et éviter de suivre la piste indienne que nous venons de découvrir et qui pourrait fort bien conduire à un guet-apens, Meirelles décide de couper par la pleine forêt.

Quelques hommes descendent de cheval et fraient une piste dans les herbes géantes, les lianes et les arbustes noircis par les incendies fréquents en saison sèche. Les branches nous fouettent et strient nos chemises de noir. Le soleil nous enveloppe d’une chape ardente, cependant que nous chevauchons encore quatre ou cinq heures, au pas, accroupis sur nos selles pour éviter le couperet des branches basses et lorsque enfin nous sortons de là pour suivre le cours d’un rio à sec, nous sommes perdus.

Un peu au hasard, nous contournons des ravins profonds, scrutant avec anxiété les fourrés, car, à chaque instant maintenant, les Chavantes peuvent se manifester. Nous faisons halte.

— Regardez, dit Meirelles.