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Assis en tailleur auprès d’un feu en plein air, Itaxa s’affaire à fabriquer des flèches pour les grandes chasses. Un bambou solide et sec forme le corps principal de la flèche avec, à une extrémité, l’empennage constitué par deux plumes d’araras liées avec du chanvre englué et une encoche minuscule pour bien carrer la flèche dans la corde de l’arc. L’autre bout est évidé d’abord, puis empli de glu bouillante. Dans ce trou, l’Indien enfonce et fixe solidement avec du chanvre une tige de bois de fer longue de trente à cinquante centimètres, armée d’un os en forme de fer de lance, lequel est encastré dans le bois fendu puis lié avec des lanières d’une écorce spéciale et rougeâtre.

Itawa vérifie encore l’alignement de l’ensemble (qui mesure près de 1 m. 80), travaille le bambou légèrement incurvé par l’effort auquel il a été soumis, englue à nouveau les ligatures, puis dessine sur le prolongement en bois de fer les tatouages essentiels de son corps.

Ce sont ces marques aisément reconnaissables qui, au cours des grandes chasses, aideront le cacique à distribuer équitablement les prises. Si Itawa a atteint l’animal dans une partie vitale et a provoqué sa mort, il aura le droit de choisir son morceau, les autres partageront les restes, et comme Itawa est un bon chasseur, il est sûr d’avoir de beaux morceaux de viande qu’il fera fumer pour la saison des pluies. Je remarque qu’il travaille aussi bien avec les doigts de pieds qu’avec ses mains. Son habileté est déconcertante, mais explique le « pourquoi » des empreintes de pieds indiennes caractérisées par l’écartement et le développement inusité des doigts.